En 2024, les frontières entre la finance traditionnelle et le monde des crypto-monnaies n’ont jamais été aussi poreuses. Ce qui était encore considéré il y a quelques années comme une niche réservée aux geeks et aux spéculateurs est en passe de devenir mainstream. Les institutions financières, d’abord réticentes, ont fini par comprendre qu’elles ne pouvaient pas passer à côté de cette révolution.
L’approbation des ETF, un tournant majeur
L’un des événements marquants de ce début d’année 2024 a été sans conteste l’approbation par la SEC américaine de plusieurs ETF (Exchange Traded Funds) adossés au Bitcoin. Cela a ouvert les vannes à des flux importants de capitaux institutionnels vers la première des crypto-monnaies. Selon certaines estimations, plus de 2,4 milliards de dollars auraient ainsi été injectés dans ces ETF Bitcoin dès le premier trimestre.
Cette décision tant attendue de la SEC a eu un effet domino. De nombreux pays ont emboîté le pas, autorisant à leur tour des produits financiers liés aux crypto-actifs. Les banques et les gestionnaires d’actifs traditionnels se sont engouffrés dans la brèche, proposant à leurs clients d’exposer une partie de leur portefeuille aux cryptos. Le Bitcoin, mais aussi l’Ethereum et quelques autres altcoins bien établis, sont devenus des actifs presque comme les autres.
L’approbation potentielle d’un ETF Ethereum dans un avenir proche pourrait encore accélérer cette tendance. Ethereum, avec sa capacité à supporter des applications décentralisées complexes, suscite un intérêt croissant des investisseurs institutionnels.
Les banques centrales s’y mettent aussi
Autre signe que les lignes bougent : de plus en plus de banques centrales planchent sérieusement sur le lancement de leur propre monnaie numérique, les fameux CBDC (Central Bank Digital Currencies). Après des pays pionniers comme les Bahamas ou le Nigeria, des poids lourds comme la Chine, l’Union Européenne ou les États-Unis avancent à grands pas dans cette direction.
L’enjeu pour les États est de garder la main sur leur souveraineté monétaire face à la montée en puissance des crypto-monnaies privées et décentralisées. Mais c’est aussi un moyen pour eux de tirer parti de la technologie blockchain pour moderniser leurs systèmes de paiement et rendre les transactions plus efficaces et moins coûteuses. Un mariage entre ancien et nouveau monde en quelque sorte.
DeFi et TradFi main dans la main
Dans une Tribune Libre publiée récemment, un expert de la crypto faisait un parallèle intéressant entre la finance décentralisée (DeFi) et la finance traditionnelle (TradFi). Selon lui, loin de s’opposer, ces deux univers sont voués à converger et à se nourrir mutuellement. La DeFi apporte de nouveaux modèles (prêts peer-to-peer, market making automatisé…) tandis que la TradFi offre la solidité de ses infrastructures et sa force de frappe en termes de capitaux.
On voit ainsi fleurir des partenariats entre protocoles DeFi et institutions financières traditionnelles. Des banques proposent des services de conservation pour les crypto-actifs, des assureurs couvrent les smart contracts, des fonds investissent massivement dans les jetons DeFi les plus prometteurs… Bref, tout un écosystème hybride est en train d’émerger, tirant le meilleur des deux mondes.
La DeFi, les NFT et le gaming pourraient bien être les secteurs les plus performants lors de la prochaine phase de croissance de l’industrie des actifs numériques. Avec l’arrivée de capitaux institutionnels, ces segments encore émergents pourraient connaître un développement fulgurant.
Vers une régulation adaptée
Bien sûr, tout n’est pas encore rose dans cette crypto-finance nouvelle génération. Les régulateurs peinent encore à trouver le bon équilibre entre innovation et protection des investisseurs. Les arnaques et piratages restent monnaie courante malgré les progrès en termes de sécurité. Et la volatilité inhérente aux crypto-actifs peut faire peur aux investisseurs les plus prudents.
Mais la tendance est claire : la crypto s’invite de plus en plus dans la finance mainstream et il faudra bien s’y faire. Les régulateurs l’ont bien compris et planchent sur des cadres adaptés, s’inspirant des meilleures pratiques des pays les plus avancés comme le Japon ou Singapour. L’objectif est de favoriser l’innovation tout en posant des garde-fous pour éviter les dérives.
La mise en œuvre réussie de réglementations comme MiCA (Markets in Crypto Assets) en Europe pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère de croissance régulée, où la conformité deviendra un avantage concurrentiel et où la résilience du marché sera renforcée par des bases solides de confiance et de transparence.
Conclusion
En 2024, nous n’en sommes qu’aux prémices de cette grande convergence entre crypto et finance traditionnelle. Mais une chose est sûre : le mouvement semble irréversible et va encore s’accélérer dans les années à venir. Ceux qui l’auront compris à temps en sortiront gagnants. Les autres risquent de regarder passer le train, comme au début de la révolution Internet. À bon entendeur…
Au-delà de 2024, la trajectoire de la tokenisation suggère non seulement une évolution mais une révolution dans la façon dont les actifs sont perçus, gérés et échangés. C’est tout un nouveau paradigme financier qui est en train d’émerger sous nos yeux. Reste à savoir qui saura en tirer le meilleur parti. La partie ne fait que commencer.